Joni Mitchell est l’une des artistes canadiennes les plus célébrées : son premier prix Grammy lui a été décerné en 1969. Durant sa carrière, elle a reçu des distinctions allant de doctorats honorifiques au timbre poste à son effigie, en reconnaissance de ses réalisations dans le domaine de la chanson et de la composition.
Illustration de Joni Mitchell, avec l’aimable autorisation du Musée canadien de l’histoire
Autoportrait
Née Roberta Joan « Joni » Anderson en 1943 durant la Deuxième Guerre mondiale, Joni Mitchell a grandi en Saskatchewan. Elle a contracté la poliomyélite durant l’épidémie qui a fait rage dans les années 1950, et a été hospitalisée à l’âge de neuf ans.
Elle a découvert sa passion pour les arts alors qu’elle se remettait de la maladie. Elle a commencé par essayer le dessin. Puis, au secondaire, un professeur d’anglais lui a suggéré d’essayer d’écrire de la poésie : « Si tu peux peindre avec un pinceau, tu peux peindre avec des mots ». Elle a commencé à écrire, jouant avec la poésie et les histoires narratives.
Parallèlement, elle a continué de s’adonner aux arts visuels et s’est même inscrite au Alberta College of Art à Calgary. Cependant, elle se sentait attirée par l’écriture et, de plus en plus, par l’écriture de chansons.
À la fin de sa première année à l’école d’art, sa décision était prise. Elle a écrit à sa mère : « Je m’en vais à Toronto pour être chanteuse de folk. »
Je ne me serais jamais tournée vers la musique, n’eût été des problèmes.
— Joni Mitchell, 2014
La vie dans une nouvelle ville
La vie à Toronto n’a pas été facile pour Joni Mitchell.
Yorkville regorgeait de cafés, comme The Riverboat et The Penny Farthing, qui présentaient des musiciens sur place. Toutefois, la plupart de ces cafés exigeaient que les musiciens fassent partie du syndicat local.
Cela posait un gros problème.
Joni Mitchell n’avait pas les moyens de verser la cotisation de 160 $ au syndicat des musiciens de la ville.
À la place, elle a dû donner des spectacles dans des endroits qui n’avaient pas cette exigence et occuper d’autres emplois pour payer le loyer et économiser le montant de la cotisation. Elle a chanté dans des sous-sols d’église et des salles de YMCA tout en travaillant comme commis dans un grand magasin.
Faire ses début
Avec le temps, Joni Mitchell est parvenue à verser sa cotisation au syndicat et a commencé à donner des spectacles dans des cafés de Yorkville, s’établissant comme nouvelle auteure-compositrice-interprète de folk créative.
Elle a vécu beaucoup de premières professionnelles à Toronto. Par exemple, elle a écrit la chanson « Night in the City » au Riverboat et y a chanté « Both Sides Now », l’un de ses succès emblématiques, pour la première fois.
En savoir plus à propos de Faire ses débutArchives de la Ville de Toronto, fonds 477, fichier 3
Écoute : Night In the City
Night in the city looks pretty to me
Night in the city looks fine
Music comes spilling out into the street
Colors go waltzing in time— Joni Mitchell
La nuit en ville me semble jolie
La nuit en ville semble bien
La musique se répand dans la rue
Les couleurs valsent dans le temps
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Illustration de Jacqui Oakley, avec l’aimable autorisation du Prix de musique Polaris
Sentiments et confessions : Blue
Les admirateurs de Joni Mitchell étaient attirés par ses ballades folk, se reconnaissant dans ses paroles et ses thèmes. Son travail est devenu plus introspectif avec chaque album. Elle faisait de plus en plus référence à sa vie, ses émotions et ses expériences avec la célébrité.
En juin 1971, Joni Mitchell a lancé son disque le plus personnel à ce jour : Blue, souvent considéré comme son chef-d’œuvre.
Presque toutes les chansons de l’album renvoient à des moments importants de sa vie, des expériences vécues lorsqu’elle vivait dans une caverne en Grèce (« Carey »), à la douleur intense ressentie lorsqu’elle a confié sa fille en adoption (« Little Green »).
Écoute : Blue
Lancé en 1971, Blue est devenu l’un des albums les plus primés de Joni Mitchell. Il figure au 30e rang de la liste des 500 meilleurs albums de tous les temps du magazine Rolling Stone, soit le plus haut rang parmi les artistes féminines. En 1999, on lui a décerné un prix du Grammy Hall of Fame pour son importance historique.
Blue compte certaines des chansons les plus célèbres de Joni Mitchell, dont « A Case of You » et « River ».
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Expérimentation
Quelques années après le lancement de Blue, la musique de Joni Mitchell prend un tournant marqué par le jazz. Sa voix s’aggrave et passe au registre alto tout en étant capable d’envolées dans le registre soprano. Elle commence à intégrer la musique du monde, le jazz et la musique avant-pop à ses albums.
Entre 1972 et 1977, elle endisque cinq albums avec Asylum Records, finissant par l’album double expérimental Don Juan’s Reckless Daughter, dont une face entière est consacrée à une pièce de 16 minutes contenant une improvisation au piano accompagnée d’un grand orchestre.
Joni Mitchell continue de donner des spectacles et de produire de la musique, expérimentant avec différents sons et genres au fil des décennies. Elle se décrit comme une « peintre dont le parcours a déraillé en raison des circonstances ». Elle a conçu et peint beaucoup de ses pochettes de disque.
Au fil de sa carrière, elle a intégré la narration personnelle à ses paroles, faisant part de ses propres luttes et observations sur la société. D’un « Chelsea Morning « vibrant et optimiste à la vulnérabilité de chansons comme « River «, en passant par le succès primé par la critique « Big Yellow Taxi «, les chansons de Joni Mitchell sont pure poésie.
Big Yellow Taxi
Depuis toujours, Joni Mitchell est une défenseure de la cause environnementale, et sa chanson « Big Yellow Taxi », e ndisquée en 1975, s’inspire largement de ce thème. Elle l’a écrite après un voyage à Hawaii. Espérant voir un paysage magnifique de la fenêtre de sa chambre d’hôtel, elle a tiré les rideaux pour voir non pas des fleurs et des arbres, mais un immense stationnement.
On entend souvent qu’écrire est facile, mais que réviser est difficile. Ces paroles manuscrites sont tirées d’un carnet de croquis de Joni Mitchell, datant d’entre 1967 et 1969. On y voit les corrections et les modifications qu’elle a apportées lorsqu’elle travaillait sur la chanson.
Clique sur l’image à droite pour voir la façon dont la première version de la chanson « Big Yellow Taxi » correspond à la version finale.
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Droit d’auteur des paroles : Joni Mitchell. Manuscrit présenté avec l’aimable autorisation du Musée canadien de l’histoire.
Écoute : Big Yellow Taxi
Don't it always seem to go
That you don't know what you've got
Till it's gone
They paved paradise
And put up a parking lot— Joni Mitchell
Pourquoi c'est toujours comme ça?
On réalise trop tard
ce qu'on avait avant.
Ils ont asphalté le paradis
pour y mettre un stationnement
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Un héritage environnemental: Amchitka
En 1970, Joni Mitchell a utilisé son écriture et sa renommée pour défendre l'environnement.
Sur l'île d'Amchitka, au large du sud-ouest de l'Alaska, la Commission américaine de l'énergie atomique se préparait à une série d'essais d'armes nucléaires. L'île était une réserve faunique dédiée et les scientifiques ont mis en garde contre la dévastation sismique que les essais nucléaires entraîneraient.
En octobre 1970, Joni Mitchell, James Taylor et Phil Ochs se sont produits lors d'un concert-bénéfice au Pacific Coliseum de Vancouver pour protester contre les tests. Les fonds récoltés lors du concert étaient destinés à une petite organisation en pleine croissance dédiée à l'activisme environnemental: Greenpeace.
Bien que le concert de 1970 ait été considéré comme déterminant pour aider Greenpeace à devenir une organisation environnementale de renommée mondiale, les enregistrements du concert de 1970 n'ont pas été disponibles pendant des décennies. Ce n'est qu'en 2009, après une restauration considérable, que l'enregistrement du concert de 1970 a été mis à la disposition du public, intitulé Amchitka: The 1970 Concert That Launched Greenpeace.
Photographie de Fred Ross, gracieuseté des Toronto Star Photo Archives.
Distinctions
Considérée comme un génie par de nombreuses personnes, Joni Mitchell a influencé des générations de musiciens.
Elle a gagné huit prix Grammy et a reçu le prix d’excellence pour l’ensemble de son œuvre avec la mention « pour son influence puissante sur tous les artistes qui font la promotion de la diversité, de l’imagination et de l’intégrité ». Son album For the Roses, paru en 1972, figure sur le registre national des enregistrements de l’American Library of Congress.
Elle a été intronisée au Panthéon de la musique canadienne (1981) et au Rock and Roll Hall of Fame (1997) et a reçu l’Ordre du Canada (2002).
Photo de Malcolm Cook, avec l’aimable autorisation du Massey Hall
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Site Web officiel de Joni Mitchell
Joni Mitchell. Morning Glory on the Vine: Early Songs and Drawings. Boston: Houghton Mifflin Harcourt, 2019.
David Yaffe. Reckless Daughter: A Portrait of Joni Mitchell. New York: Harper Collins, 2017.